INTERVIEW JOURNEE MONDIALE DE L'AFRIQUE - IMANE AYISSI (DANSEUR, MANNEQUIN, STYLISTE & ECRIVAIN)

"Il faut que les Africains soient plus solidaires et plus entreprenants. Il faut que les hommes et les femmes africains qui ont la chance d’avoir beaucoup d’argent, l’investissent dans des projets économiques, industriels qui permettent le développement en Afrique plutôt que de le confier à des établissements financiers européens. Chaque citoyen d’un pays africains est responsable à son niveau de son pays."

TROPICS MAGAZINE – MERCI D’AVOIR BIEN VOULU HONORER NOTRE INVITATION. COMMENT ALLEZ-VOUS?

IMANE AYISSI –  Je vais bien merci

TM- VOUS ETES UN ENFANT D’AFRIQUE. POURRIEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR VOS ORIGINES?

IA –  Je suis né à Yaoundé au Cameroun.  Je suis issu du grand groupe des Fang Béti, plus précisément des Ewondo. D’ailleurs bien qu’installé en France depuis plusieurs années je parle toujours, dès que je le peux, la langue Ewondo.

TM – QUEL EST VOTRE DOMAINE DE PREDILECTION & POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI D’OEUVRER DANS CE DOMAINE?

IA –  Mon domaine de prédilection, en fait le secteur qui est mon activité principale, est la mode. C’est un domaine qui m’a toujours attiré, j’ai commencé à imaginer des tenues dès mon adolescence. J’ai d’ailleurs commence à travailler dans la mode à Yaoundé, même si c’est depuis mon installation à Paris que j’ai créé une vraie marque, dessiné et produit des collections …etc.

 Auparavant j’ai également été danseur, puis ensuite mannequin, ce qui m’a permis d’observer  et de mieux comprendre le fonctionnement de ce milieu de la mode.

Aujourd’hui parallèlement je consacre un peu  de mon temps à l’écriture puisque j’ai publié 2 livres de contes, le dernier s’intitulant “Le silence du Masque” (Editions les portes du Soleil).

TM –LE MONDE ENTIER CELEBRE AUJOURD’HUI LA “JOURNEE MONDIALE DE L’AFRIQUE.” QU’EN PENSEZ-VOUS?

IA –  Pourquoi célébrer l’Afrique seulement aujourd’hui ? En fait l’Afrique devrait se célébrer elle-même tous les jours, mais pas par des colloques ou des cérémonies, mais par la protection et la mise en valeur de son patrimoine, par ses initiatives économiques ou sociales, par l’éducation de ses peuples …etc.

TM – EN TANT QUE FILS/FILLE D’AFRIQUE, QUELLE CONTRIBUTION APPORTEZ-VOUS AU QUOTIDIEN EN FAVEUR DU CONTINENT NOIR?

IA –  J’espère apporter une contribution par mon métier et mon

savoir-faire, même si c’est une contribution  indirecte puisque je travaille plutôt en France. En montrant en Afrique mais aussi partout dans le monde qu’un créateur africain (en l’occurrence de mode) peut créer des produits créatifs contemporains, adaptés au monde d’aujourd’hui et qui se vendent, j’espère promouvoir une autre image de l’Afrique, celle d’un continent dynamique qui est parfaitement rentré dans l’histoire, ouvert à la modernité et au reste du monde. Maintenant plus concrètement j’apporte une contribution économique et financière, même modeste, quand je fais travailler des artisans africains ou des communautés comme les femmes Masai qui ont produit les bijoux de ma collection Eté 2010.

Je soutiens également des associations qui œuvrent pour la santé des enfants africains comme l’association ‘Almoha’ qui luttent contre les maladies rares dont sont victimes les enfants, ou la ‘fondation Krys’ qui collecte des lunettes pour les personnes qui en ont besoin en Afrique sans avoir les moyens d’en acheter.

 TM – QUEL MESSAGE VOUS TIENT A COEUR A L’HEURE ACTUELLE ET QUE VOUS AIMERIEZ FAIRE PASSER PAR LE CANAL DE TROPICS MAGAZINE? VEUILLEZ JUSTIFIER VOS PROPOS.

IA –  Il faut que les Africains soient plus solidaires et plus entreprenants. Il faut que les hommes et les femmes africains qui ont la chance d’avoir beaucoup d’argent, l’investissent dans des projets économiques, industriels qui permettent le développement en Afrique plutôt que de le confier à des établissements financiers européens. Chaque citoyen d’un pays africains est responsable à son niveau de son pays. Rien n’est plus important que l’éducation et la culture, il y a d’énormes efforts à faire en Afrique pour qu’absolument tous les enfants puissent aller à l’école puis à l’université, et qu’on leur donne les moyens  (financier, administratifs..) de créer des entreprises, des emplois, etc. Il faut redonner confiance à la jeune génération qui va faire l’Afrique de demain.

Summer 2010 Final

TM – QUI SONT, POUR VOUS, LES HEROS OU LES FIGURES EMBLEMATIQUES  AFRICAINES QUI MERITENT D’ETRE CELEBRES DAVANTAGE ET QUI DEVRAIENT SURTOUT SERVIR D’EXEMPLE A LA GENERATION MONTANTE?

IA – On ne peut pas passer à coté de Nelson Mandela qui a beaucoup fait.  Mais je crois qu’il faut plus célébrer les artistes africains qui ont réussi à se faire une place internationalement dans le monde de l’art contemporain comme Romuald Hazoumé par exemple, Brahim El Anatsui, Ousmane Sow, Cheri Samba, Yinka Shonibaré, qui donnent l’image d’une Afrique incroyablement créative, qui sont célébrés dans le monde entier alors qu’ils sont souvent presque inconnus dans leurs pays. Je pourrais parler d’intellectuels ou d’écrivains aussi comme Alain Mabanckou …etc. J’aimerais que l’on célèbre aussi les entrepreneurs qui créent de la richesse par leurs initiatives, mais j’avoue que j’en connais peu.

 TM- ETES-VOUS SATISFAIT DE LA QUALITE DU DEBAT SUR LA QUESTION NOIRE DANS VOTRE PAYS DE RESIDENCE OU A L’ETRANGER?

IA-  En ce moment en France, nous avons un gouvernement qui agite les questions d’immigration, de couleurs de peau …etc. pour des raisons démagogiques, pour faire oublier les vrais problèmes des Français qui sont des problèmes de chômage, de compétitivité économique, de répartition des richesses, tout ça pour se maintenir au pouvoir… Cela dit s’il y a en France des personnes qui ne peuvent pas accepter qu’une personne avec la peau foncée soit française ou ait se place dans la société française, je crois que c’est une minorité. Les immigrés africains en France n’ont pas tous des comportements irréprochables, loin de là. Il est évidemment indispensable de respecter les lois et les valeurs du pays dans lequel on s’installe  et qu’on a choisit.  Quant on voit ce qui se passe dans le quartier de Château Rouge à Paris par exemple, on comprend que les français se plaignent : il y a vraiment de quoi !! Moi-même les pires problèmes que j’ai eu depuis que je suis installé dans ce pays c’est à mes compatriotes africains que je le dois.

TM – VOTRE MESSAGE A L’ENDROIT DE TROPICS MAGAZINE, CE JEUNE MEDIA QUI SE FAIT PEU A PEU REMARQUER SUR LA ZONE TROPICALE.

IA- Je salue cette initiative et je souhaite une longue et riche vie à Tropics Magazine.

TM – NOUS VOUS LAISSONS LE SOIN DE CLOTURER CET ENTRETIEN SPECIAL TOUT EN PRECISANT VOS LIENS WEB POUR LE PLAISIR DE NOS LECTEURS. MERCI ENCORE & “RESTEZ TROPICS!”

IA–  Merci pour cet interview. Pour ceux qui veulent suivre mon travail :

www.Imaneayissi.com

www.myspace.com/imane ayissi

INTERVIEW REALISEE PAR VENICIA GUINOT
TROPICS MAGAZINE – SOUTH AFRICA
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