Antananarivo — La crise sociopolitique coûte cher à beaucoup de foyers malgaches et à plusieurs niveaux. Outre le coût de la vie qui n'a cessé de grimper durant ces deux dernières années, la scolarisation est aussi touchée.

Heriniaina, huit ans, en fait partie. Il a arrêté de fréquenter un cours d'enseignement général à Isotry, un quartier surpeuplé d'Antananarivo, la capitale de Madagascar, où il s'est inscrit depuis qu'il avait quatre ans. Depuis le début de la crise, sa mère, machiniste dans une entreprise textile de la zone franche, a perdu son emploi et s'est retrouvée au chômage. Elle a dû faire de petits boulots ça et là comme la lessive chez les gens pour joindre les deux bouts.

Malgré cela, elle ne pouvait plus subvenir aux besoins scolaires de ses fils. «Si j'avais inscrit mes trois fils à l'école comme j'aurais dû l'avoir fait, nous n'aurions plus eu de quoi manger. Le prix du matériel scolaire est une charge supplémentaire. Du coup, ils ont arrêté d'étudier un mois après que je me suis retrouvée au chômage», explique la mère.

Mais les aides ont été suspendues depuis le début de la crise, en 2009, après les départs successifs des grands bailleurs de fonds dans le domaine de l'éducation. Ce secteur se trouve de plus en plus dans un état inquiétant, l'enseignement public notamment.

Du coup, les kits scolaires ne sont plus disponibles et la caisse école est passée de 3.000 à 800 ariary (monnaie locale) par élève par an suite à une coupe budgétaire. Cette caisse école est consacrée à l'appui financier des écoles primaires publiques afin d'alléger les charges scolaires des élèves dans les établissements. Elle concerne près de 1,694 million élèves des 10.550 écoles primaires publiques réparties sur l'ensemble de la Grande Ile.

De plus en plus d'enfants en âge de scolarisation ne sont pas inscrits. «Nous avons enregistré moins d'enfants cette année par rapport à 2009. La baisse dans les inscriptions a atteint les 25 pour cent. La prochaine année scolaire risque d'être encore plus lourde pour les parents», souligne Jeanne Ranaivosoa, directrice d'une école publique de la capitale.

Au lieu d'aller à l'école, de plus en plus d'enfants errent en ville pour travailler, vendre des sachets en plastique, chercher de l'eau, garder les voitures dans les parkings, rien que pour se faire un peu d'argent. D'autres, moins chanceux, n'ont d'autre alternative que de demander l'aumône pour s'acheter un bol de riz au moins une fois par jour.

«J'ai décidé de ne pas aller à l'école pour aider ma mère qui souffre beaucoup tous les jours suite au départ de mon papa qui l'a quittée depuis l'année dernière», confie Andry Arivony, un petit garçon de 12 ans, conscient de l'importance de l'éducation, mais forcé par les circonstances d'entrer dans le monde du travail informel.

Le syndicat des professionnels diplômés en travail social a déjà attiré l'attention du public par rapport à cette situation causée par la crise. La situation en milieu rural est pire que celle en région urbaine. Les Nations Unies se sentent interpellées. «Le plan social souffre à Madagascar. Nous devons agir vite», a déclaré Samoura.

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à Madagascar rapporte que le nombre de personnes considérées comme étant pauvres n'a cessé d'augmenter en raison de la crise. La pauvreté touche près de huit enfants - de zéro à 14 ans - sur 10. Cette pauvreté lèse les enfants de leurs droits fondamentaux comme l'accès à l'éducation.

Les partenaires de l'éducation se sont déjà mobilisés à Madagascar pour tenter de remédier à la situation. L'UNICEF compte bientôt inclure dans ses programmes la distribution de kits scolaires aux élèves, enseignants et écoles avant la prochaine rentrée scolaire. Mais malgré les efforts menés par certaines agences pour faire remonter le secteur éducatif, le pays risque de ne pas atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement en 2015.

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