Les rencontres sur la famine en Afrique de l'Est se succèdent et se ressemblent. On est bien fondé pour l'affirmer après la réunion tenue le 27 juillet 2011 au Kenya, par des pays et des organisateurs donateurs, sur la famine dans la Corne de l'Afrique en général et en Somalie en particulier. Comme à Rome en Italie, le 25 juillet dernier lors de la réunion d'urgence des Nations unies, la montagne a accouché d'une souris. Tous ceux qui sont censés mettre la main à la poche pour sauver de la famine 12 millions de personnes réparties dans 6 pays d'Afrique de l'Est, rechignent à délier les cordons de la bourse. Même les coups de fil du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, la veille de la rencontre du Kenya, à des pays généreux comme ceux des monarchies pétrolières, n'y ont rien fait. Sur une somme d'environ 2 milliards de dollars américains nécessaires pour lutter contre la famine, un peu plus de la moitié seulement a pu être mobilisé. Il faudra encore continuer la quête pour espérer sauver des millions de personnes. (Source: le Pays)

 

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Cette difficulté à mobiliser des fonds contre la famine est vraiment étonnante. Ce fléau était considéré comme un thème mobilisateur en Occident où des âmes sensibles et des bonnes volontés n'hésitaient pas à faire des dons après avoir vu des images insoutenables de personnes faméliques que leurs médias passaient en boucle. On se rappelle la grande mobilisation autour de l'Ethiopie frappée par une grande famine en 1984-1985. Un collectif d'artistes-musiciens de renom (Michael Jackson, Lionel Richie ...) a même composé des chansons - le célèbre "We are the world" - pour susciter la compassion, la solidarité et lever des fonds pour le pays du Négus Hailé Sélassié. En début d'année 2010, la même chanson a été reprise par d'autres musiciens pour les mêmes objectifs après le tremblement de terre en Haïti.

 

Aujourd'hui, les gestes de solidarité se sont rétrécis comme peau de chagrin. Au vu de ce qui se passe, on a envie de se demander si les âmes sensibles et bons samaritains ont disparu. On ne comprend pas que l'on trouve de l'argent pour sauver des banques en déroute et des industries en faillite et qu'on en manque lorsqu'il s'agit de préserver des vies humaines. C'est tout simplement décevant. Mais faut-il trop en vouloir aux Occidentaux s'ils ne s'émeuvent plus pour combattre la famine qui frappe l'Afrique ? Et s'ils étaient fatigués d'aider continuellement des pays qui ne font pas particulièrement des efforts pour éradiquer le fléau ?

Ils sont sans doute nombreux ceux qui, en Occident, ont appris avec grand étonnement l'existence de la famine dans la Corne de l'Afrique. La présidente d'Oxfam, Barbara Stocking, a bien traduit cet état d'esprit en qualifiant la famine actuelle de "situation inadmissible au 21e siècle". Quelle quantité d'aide alimentaire a été jusque-là déversée sur le continent africain pour éviter qu'il y ait la famine ? Combien de programmes et projets de sécurité alimentaire ou de lutte contre la famine ont été concoctés et exécutés jusque-là en Afrique ? La responsabilité des Africains en général et celle de leurs dirigeants en particulier, est grande dans les drames et les calamités qui frappent leur continent. Trop souvent, Dieu et la nature ont bon dos. Un pays comme le Kenya a mis l'accent sur la culture et l'exportation de fleurs et de thé au détriment de l'agriculture vivrière. Un autre comme l'Ethiopie qui, visiblement, n'a pas tiré assez de leçons de la famine des années 80, n'a pas trouvé mieux que de vendre ses bonnes terres à des multinationales pour pratiquer l'agriculture destinée à l'industrie du biocarburant. C'est dire qu'une nécessaire prise de conscience s'impose pour faire de l'agriculture vivrière et de l'autosuffisance alimentaire une priorité.

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